ARRAS - Traîneaux, chaises à porteurs, chars de sacres, berlines de mariage ou autres chars funéraires : une sélection des plus belles pièces de la collection hippomobile historique du château de Versailles fait escale pendant dix-huit mois au Musée des beaux-arts d’Arras, hébergé dans une aile de l’abbaye Saint-Vaast.
Sorties d’un Musée des carrosses du château qui ne s’entrouvre que lors des Journées du patrimoine, restaurées pour l’occasion, ces huit voitures de rois et chefs d’État, summum de l’art hippomobile – ce qui fait d’autant plus regretter l’impasse du projet de musée porté par le château de Compiègne – sont ici élégamment mises en scène, voire reconstituées de manière spectaculaire, comme le carrosse du sacre de Charles X (1825), attelé à huit chevaux en résine. Quelques vestiges historiques font aussi sensation, tel ce panneau du carrosse de Louis XVI rescapé d’une voiture entièrement démantelée à la Révolution, exposé à côté d’un portrait de Robespierre. Le même qui, jeune homme, dut un jour réciter un poème sous la pluie à un souverain condescendant, enfermé dans son carrosse.
Cette belle exposition inaugure donc la nouvelle politique « hors les murs » du domaine de Versailles, initiée par Jean-Jacques Aillagon. En juillet 2011, le château et la Ville d’Arras ont signé un accord de coopération pour dix ans qui consistera en l’organisation de quatre expositions au sein du Musée des beaux-arts de la cité arrageoise. L’idée aurait pu naître dans l’esprit de conservateurs désireux de faire dialoguer leurs collections. Il n’en est rien. C’est Daniel Percheron (PS), président de la Région Nord Pas-de-Calais et déjà initiateur du Louvre-Lens, qui a lui même sollicité l’ancien président de Versailles. « Le concept relevait à l’origine du bricolage » explique sans complexe l’élu, qui ne cache pas son souhait de recréer entre Lens et Arras un nouvel axe Louvre-Versailles. Ce choix a été validé par la nouvelle présidente du château, Catherine Pégard, qui n’a pas hésité à initier par ce biais un « appel au voyage des collections de Versailles dans le monde entier ». « Les caisses sont prêtes ! » a t-elle ainsi lancé le jour du vernissage. Reste à savoir ce que gagnera le Musée des beaux-arts d’Arras dans cette aventure plus politique que culturelle. « À l’avenir, la collaboration scientifique entre les deux établissements sera plus poussée », ont juré les intéressés devant la presse. Ce serait heureux. 1,6 million d’euros a été déboursé pour cette première exposition, dont 750 000 euros à la charge de la municipalité. Interrogé sur la somme allouée tous les ans à son musée, le nouveau maire de la Ville, Frédéric Leturque (Modem), a préféré esquiver. Renseignement pris, les dépenses de fonctionnement de l’établissement ne s’élevaient, en 2010, qu’à un peu plus de 220 000 euros.
Commissariat : Béatrix Saule, directrice du Musée national des châteaux de Versailles et de Trianon, Jean-Louis Libourel, conservateur en chef honoraire du Patrimoine, Hélène Delalex, attachée de conservation du Patrimoine au château de Versailles, en charge du Musée des carrosses
Scénographie : Frédéric Beauclair
L’accès à la totalité de l’article est réservé à nos abonné(e)s
Arras roule pour Versailles
Déjà abonné(e) ?
Se connecterPas encore abonné(e) ?
Avec notre offre sans engagement,
• Accédez à tous les contenus du site
• Soutenez une rédaction indépendante
• Recevez la newsletter quotidienne
Abonnez-vous dès 1 €Jusqu’au 10 novembre 2013, Musée des beaux-arts d’Arras, 22 rue Paul Doumer, 62 000 Arras, tél : 03 21 71 26 43, www.versaillesarras.com, tlj. sauf mardi 11h-18h. Catalogue Skira/Flammarion, 256 p., 39,90 €
Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°368 du 27 avril 2012, avec le titre suivant : Arras roule pour Versailles